Restes
Au travers de toi je marche – comme au-dedans d’un vide. Y a-t-il un lieu où s’arrêter – y a-t-il un endroit de repos. Toi cette présence éparpillée sur les trottoirs de toute sorte. Ta chair fluide ta chair tombe-t-elle ici aussi bien que là-bas. Où trouve-t-on la limite – jusqu’où as-tu repoussé tes bords – toi l’absente de toi-même – jamais seule jamais là.
Comme au-dedans d’un fleuve – je traverse ton corps. Mais quel corps. Et ta peau nombreuse qui tombe au-dessus des villes – au-dessus des toits. Comment est-ce possible que ta peau tombe à côté de moi – moi au plus près des trottoirs. Moi qui te cherche – même éclatée au-dedans de toi-même. Là où ta peau s’évapore. Là où ta peau demeure un peu après la chute.
Est-ce là ton plus haut milieu d’être absente à toi – et te répandre sans prendre garde. Épuisé par la résistance du vide – je ne persévérerai plus dans ta chair – dans les restes de ton corps déposés sur le sol. Sans à-coup ni rupture – je renoncerai aux mouvements de ta chair tellement ramassée par-delà toute chute.
Au travers de toi je passe – comme un instant au plus près de lui-même – tranquille et discret dans la quête du silence. L’oubli est quelque part au bout du renoncement.