le ciel est clair au travers de tes yeux gris-bleus
le temps est au beau fixe
je m’en tiens là de mes prévisions météophtalmologiques
je suis prophète en Indiana
soeur d’un Tecumseh réincarné au pays de mon coeur
sans rêve mais songe à la douceur
médite cette vision puissante
une conque-nuage en territoire Shawnee envahi de flocons
la migration des pleurs depuis la nuit des temps fait rejoindre Cherokee trail et Anishnabee path l’histoire est mon impasse
dead end no outlet c’était écrit
banderolle lumineuse dans le laiteux brouillard
drunk over limit under arrrest loi du Kentucky
soixante dix miles à l’heure attention ralentir
les banlieues hérissées fantômes géants à l’horizon
hardi senor Don Quijote du middle west hardi
quand on arrive en ville on se sent tout petit
le sixième de la taille du camion
un de chaque côté vous flanque mais il vous faut déboiter sur l’une des douze voies
prendre à gauche direction Chicago-big-city
les noms défilent qui sonnent Français
La Fayette Sault-ste-Marie Detroit
jusqu’aux frontons des buildings je lis Renaissance et pourquoi pas
je suis partie pour renaître et faire du neuf avec nos vies
opération salage des girophares au sommet de snow-plows
silhouettes dinosauresques combat de titans
right lane ends
clignotant
tu ne vois rien venir dans le rétro c’est tout blanc
Anne ma soeur Anne slow down
travaux de dégagements sur l’express lane
chacun au volant reste calme
le chaud de l’habitacle et le ronron du moteur ont raison de tes paupières rideau
à bientôt regard gris-bleu que
soudain flashes agressent puissance Américaine at full belt
confiture encombrée le traffic ne passe plus par les trous de la tartine
le métro aérien invite à quitter ce pétrin
le seul avantage c’est vue imprenable sur les gratte-ciels en plein Loop
down town Chicago nous y voilà
Willis tower 527 mètres et 108 étages
Trump 415
Aon 346 etc
cent et plus bâtiments de plus de 150 mètres de hauteur dont la liste des noms constitue une étrange liturgie Noel Noel
panorama urbain fondu enchaîné plus de mille skyscapers dignes de ce nom
c’est pas New-york mais ça y ressemble quartier des affaires en tous genres que je ne veux pas savoir
plus de détails accentuent la folie des hommes et l’absurde de la situation n’échappe pas hélas nulle-part où aller sinon dans ce mur arrogant de verre et d’acier
tes yeux ouverts et la fumée imaginaire d’un ground zero déborde mon esprit
blanc et noir ça fait gris sur la palette de l’Illinois
droit au nord soyez prudents
watch for ice on bridges