Un livre écrit par un peintre dans la collection "Esthétiques". Il y sera donc question de peinture et de la Peinture. On découvre un ensemble de textes courts en navigation entre fiction et théorie ou dans l’intervalle entre essai et roman... autobiographique. Il sera donc aussi, principalement, question du peintre. Pourquoi pas ? On pourra lire la pêche de nuit aux mulets, thème récurrent, comme une métaphore du peintre dans son atelier. Et puis on trouvera des pages étonnantes dans lesquelles se mélangent violences affichées et pudiques allusions à des sentiments plus intimes.
Travailler dans "l’esprit de l’abstraction" répète à longueur d’ouvrage Noël Dolla. Mais chaque fois qu’il nous décrit une étape de ses travaux, c’est dans le rapport à un modèle et, même, au sujet qui se modélise, — tout en insistant ici et là sur les aspects culinaires des techniques conduisant les pratiques des matières et couleurs. Cet "esprit de l’abstraction" reste indéfini, mais peu importe : Il introduit une contradiction dans le discours, mais une contradiction qui paraît à l’usage productive, ce qui est l’essentiel.
"C’était les années Support-Surface (...) Pas de grand savoir faire, juste une réflexion sur les structures, une volonté farouche de déconstruire la peinture afin de la maintenir en vie" écrit Noël Dolla. Etions-nous naïfs et romantiques ? Et passionnés au-delà du raisonnable ? Probablement.
Allons, Noël, tu es bien placé pour savoir que nos jeunes collègues, pour être certainement davantage aidés que nous (matériellement) en sont probablement bien plus infantiles dans leurs propositions, leurs illusions... Nous avons fait. Cela est... et deviendra ce que pourra : comme ce livre, de doutes et de certitudes tressés.