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RAPHAËL MONTICELLI

ÉCOLE DE NICE, École de Nice, lignes de force

Publication en ligne : 4 octobre 2009

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Ecrivain(s) : Monticelli R.

Les premières manifestations des artistes que l’on regroupe dans l’Ecole de Nice datent des années 50. Le terme « Ecole de Nice » apparaît au début des années 60. Si la notion a toujours été controversée, elle permet encore des présentations d’artistes, bien plus nombreux que les 20 ou 30 que l’on compte dans les deux premières décennies.

 

À l’origine, et tout le long des années 60-80, l’Ecole de Nice présente deux caractéristiques : d’une part les artistes qui s’y retrouvent revendiquent leur ancrage territorial en dehors de Paris, et, dans la plupart des cas, contre ce qu’il représente esthétiquement ; d’autre part ils inscrivent leur démarche dans des esthétiques novatrices et internationalement répandues.

Trois grands mouvements ont traversé l’école de Nice dans les années 60 – 80 : le Nouveau Réalisme, Fluxus, et la peinture analytique et critique (deux groupes de cette tendance sont représentés à Nice : support/surface et le groupe 70) ; on y trouve aussi des « personnalités » qui n’appartiennent à aucun de ces mouvements, ou qui ont circulé de l’un à l’autre. Derrière les différences d’aspect, de démarches, d’esthétique, tous les artistes se retrouvent sur le socle commun de la rupture ; tous sont animés par la même volonté de remettre en cause les éléments qui constituent habituellement l’art, et à quoi on le reconnaît. Ils partagent le même refus des répartitions et des genres traditionnels. Ils mettent en cause les supports, les outils, les procédures de l’art.

Autre trait remarquable : la plupart des artistes de l’Ecole de Nice se sont engagés dans la carrière artistique en dépit des institutions artistiques, ou contre elles, et d’abord contre l’École d’art : les uns, malgré leur talent, n’y ont jamais été acceptés, d’autres, pour un motif ou pour un autre, en ont été exclus.

Tous dessinent un statut nouveau de l’artiste et de l’art, de nouveaux rapports entre l’art et les spectateurs, entre l’art et la vie.

L’ancrage territorial, loin d’empêcher l’ouverture au monde, l’alimente. Qu’ils s’inscrivent clairement ou non dans tel ou tel des mouvements de l’Ecole de Nice, ces artistes sont en dialogue avec le Pop, l’art conceptuel ou le minimalisme, et contribuent à toutes les réflexions qui, depuis la dernière guerre, interrogent les apparences de l’art, de la figuration à l’abstraction la plus radicale. La contestation, l’esprit de novation et de rupture, de leur côté, vivifient la lecture des œuvres du passé. On retrouve dans leurs démarches aussi bien les échos des débats artistiques et des œuvres du XXème siècle, qu’une attention constante à toutes les formes de l’art de l’humanité, de l’art sacré occidental à celui de l’Afrique ou de l’Asie, de la renaissance au paléolithique.

Enfin ils ont contribué à faire entrer dans le champ artistique des objets, préoccupations, des procédures et des démarches qui n’en faisaient pas partie : objets du quotidien, techniques industrielles ou artisanales, savoir-faire ancestraux.

Dans les années 60-80, et malgré les bouleversements qui ont, par la suite, affecté le monde de l’art et les conditions de sa pratique, ils ont ouvert la voie à la plupart des démarches contemporaines.

La plupart des Ecoles se définissent dans l’histoire au croisement d’une esthétique et d’un territoire ; l’Ecole de Nice ne déroge donc pas à ce principe. La principale différence c’est qu’à quelques exceptions près, dans le passé, les territoires constituaient des réalités politiques fortes et autonome dont l’art contribuait à forger l’identité . Le territoire niçois n’est pas du même type. Plus « foyer de création » qu’entité administrative et politique, il préfigure une France multipolaire, Paris perdant son rôle de centre, dans un monde multipolaire.

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