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RÉMY DURAND

Durand, Rémy, Lettre à l’inconnue

© Rémy Durand
Publication en ligne : 1er octobre 2009

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Ecrivain(s) : Durand

Toulon, samedi 9 décembre 2006
Pour Z.
Madame,
Je vous observe.

Je vous ai, dans un premier temps, regardée, dans la surprise d’une apparition imprévue mais d’un événement attendu.

Il n’y a d’imprévu que l’on ne façonne et que l’on ne pétrit à force de l’attendre.

Connaissez-vous l’imprévu ? Mon regard sur vous a construit ce moment de grâce tant inattendu qu’il devait être, ex nihilo, prévu : prémonition de ma coulée dans votre regard, prévoyance irréfléchie et si légère dans son bonheur, si espérée dans sa certitude.

On a dit que subi était l’imprévu.

Je ne le crois en rien, sinon, pourquoi vous avoir rencontrée ? Je n’ignore pas faire la part entre le hasard et ce que l’on appelle communément le rendez-vous. Je suis donc empli de gaîté car je vous ai vue et regardée, et maintenant je vous observe comme une nécessité intemporelle de l’imprévoyante et nécessaire légèreté du cœur, prémonition du rendez-vous.

J’ai cru comprendre que vous étiez étrangère ; peut-être alors ne connaissez-vous pas le mot « fortuit », qui chante bien et qui signifie « par hasard ». Je ne saurais vous faire l’injure, Madame, d’être un événement fortuit ! Je dis que vous êtes un espace nécessaire, attendu, et que mon regard s’est attaché à vous comme la proue d’un navire ne peut, par chance, refuser de recevoir la prospérité de l’eau. De l’eau à l’aveu, je suis à cette reconnaissance de mon observation de vous. Quel domaine découvrirai-je ? Quel domaine n’ai-je pas encore découvert ?

J’ai trop écrit pour aujourd’hui, Madame, et je vous importune et je vous trouble peut-être, tant il est vrai que recevoir une lettre d’un inconnu semble chose … fortuite.

Il est vrai que je n’osais vous écrire. Peut-être n’oserai-je plus le faire, car je vous observe et je suis gai, et je crains que vous écrire puis vous rencontrer me fasse perdre ce bonheur, mais il faut bien que je vous dise encore et toujours pourquoi vous êtes mon attendue tant inattendue.

Vous allez penser que je me répète. Pourtant, j’aime ces redondances qui vous ressemblent et qui seront, dans les jours qui viennent, des étincelles de mon observance de vous.

Cela fait longtemps que je souhaite vous dire ces mots et vous dire qu’ils sont les vôtres parce que je vous observe depuis un certain temps et que rien n’est écrit que vous n’ayiez provoqué.

Peut-être vous aimé-je, déjà.

 

  

P.-S.

inédit, 2006
Poème lu à la Médiathèque de Cavalaire le 10 octobre 2008

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