PATRICK JOQUEL
Déambulation 6
Tous feux éteints. Des autos somnolent. Paupières baissées. Des appartements dorment. Pas un chat dans la rue. Pas un chien sous les réverbères. Nul ne me voit marcher. Personne.
Changement d’heure et de décor. Boulevard. Des stores automatiques s’enroulent. Des autos klaxonnent. Clignent des yeux. Sur les vitres de la ville glisse mon image. Le trottoir grouille de personnes. Y’en a t-il une qui me regarde
?
Le distributeur de billets a-t-il conscience de ma présence
?
Et le platane mutilé, que perçoit-il de moi
?
Le goudron sent-il mon poids d’âme et de chair
?
Suis-je le seul à croire à mon existence
?
Et cela suffit-il pour vivre
?
Qui s’amuserait à compter les briques de Lille
?
Et les kilomètres de ses gouttières
?
Et le nombre et la surface de ses pavés
?
A définir le seuil de pollution canine tolérable
?
A partir de combien de décibels une ville devient-elle nuisible
?
Qu’est ce qu’une ville
?
Ce 13 mai 2001 à Lille les glycines me ramènent au 6 avril 1989 à Mouans-Sartoux. La lenteur et la longueur du crépuscule à mon adolescence anglaise. Le temps de chacun dépendrait-il de sa latitude
?
Suis-je en remontant vers le nord en train de rajeunir
?
A Young North en lieu et place du mythique Far West
?
Ou bien au contraire a light South brewed by Mediterranean blues
?
And so deep away my dear Black and warm South et son partage exact du jour et de la nuit
…
Sa terenga
!
Que dire de l’Est
?
Et du sud-est, sinon le Mercantour et ses hauts sentiers gravés de lacs
?