Ce qui
s’installe
ici
efface
la nuit
Ce qui
s’installe
ici
appelle
la nuit
On sent
qui montent
à gauche
des bruits
très anciens
La nuit
gagne
ça
s’effondre
d’un coup
par là
la ville
râle
renacle
s’ébroue
ici
le temps
se lève
et respire
un peu
ici
je triche
écarte
les règles
du jeu
des fumées
se dissipent
derrière
l’air tremble
encore
La nuit
la feuille
gagne
la
fouille
s’effondre
diffus
d’un coup
s’étale
par là
des mots
pauvres
qu’un souffle
disperse
au froid
l’éclat
rebu
d’une terre
lente
à vivre
ça
revient
au brunes
origines
ça se froisse
tout
se reboit
tout
en soi
se retourne
des perles
de terre
des taches
de soir
de poussière
je lève
la tête
j’écoute
je ferme
les yeux
rien
rien ne vibre
au delà
de ce pétale
mort
rien
que la larme
d’une ombre
sur le bord
d’une fleur
le songe
d’un temps
sourd
aux regrets
se pose
des débris
de jour
des miettes
de lait
anciennes
A peine
humide
un pétale
froissé
entre les doigts
A peine
audible
un frou frou
vert
d’ombre
à peine
audible
le frou frou
vert
d’une ombre
un éclat
perdu
cette terre
douceur
des cernes
fragiles
fusains
diffus
lambeaux
des voiles
le temps
s’étale
diffus
fouillant
la feuille
farine
d’os
éclats
de pierre
infime boue
la nuit
dévore
lente
les veines
des fruits
la rouille
atteint
ce feu
d’une feuille
chue
une herbe
entre les pavés
une autre
perçant
le bitume
juste
un nuage
vapeur
mourant
sur le soir
penser
cette
brûlure
en faire
trace
penser
ce
feu
en faire
trace
jouer
le temps
le tordre
dans tes replis
de mémoire
peser
les gouttes
d’heures
au trébuchet
de l’eau
nervures
ces veines
lignes
de
brisure
réseaux
réticules
canaux
assoiffés
stries
réseau
cette soif
farde
des chairs
défaites
combler
les vides
charpie
de mots
papiers
sentir
entre les doigts
la poudre
d’une aile
captive
laisser
glisser
sur un papier
humide
une encre éblouie
laisser
glisser
l’encre éblouie
sur un papier
humide
Cet instant
une fleur
qui meurt
dans son reflet
tranquille
cet instant
que la plume
retient
sur la feuille
captive
un instant
captif
que la plume
retient
laisser
en bout de pinceau
diffuser
l’œil
avide
voir
cette salive
pourpre
par le papier
rebue
voir
l’essence
de l’herbe
embuer
un lambeau d’espace
voir
des essences
d’herbe
embuer l’espace
en lambeaux
Surprendre
l’instant
de fusion
entre chien
et loup
suspendre
l’instant
en fusion
entre chien
et loup
saisir
cette miette
ou se fondent
ce qui fut
ce qui est
cet instant
qu’un pinceau
sur la feuille
retient
captif
la feuille
saisie
qu’un
pinceau
captive
qu’une plume
captive
l’œil
se disperse
au gré des
pluies
colorées
gouttes
brisées
chargées de
lumière
il pleut
la lumière
disperse
les
de l’œil
en pluie
bouts de monde
éclats
en gouttes
lambeaux
écailles
brisures
bouts de monde
éclats
des traces
de jour
levant
comblent
les déchirures
Dire
vivre
là-bas
c’est dire
vivre
dire
la-bas
c’est laisser
filer
l’espace sur la langue
là-bas
et les mers
ouvrent
leurs
bras
la-bas
en pointe d’île
au-delà
d’où se clot
le regard
là-bas
des chairs végétales
dans des odeurs
de brume
verte
là-bas
les brumes se lèvent
voiles
emportés
en vols
là-bas
c’est le pays
des grappes
des sucs
retenus
dire là-bas
et prend forme
le rêve
secret
de l’ici
là-bas
terres
au goût
de
pistil
dire rêver
là-bas
c’est
rêver
le rêve
dire
dormir là-bas
c’est
donner chair
au songe
je
forme inquiète
d’une
ombre
là-bas
songe là-bas
c’est
la douceur
ouverte
des bras
des lèvres
LA ROSE DE CHAIR
la caresse
c’est cet
effleurement
humide
du pinceau
délicate
la main
servante
qui caresse
de loin
à peine
une goutte
d’eau
souillée
de pigment
une
brume
diffuse
un zeste
dans le vent
à peine
une tendresse
de poudre
et
d’eau
enfant
de langue
le pinceau
explosions
minimes
juste
un effleurement
de terre
à peine un souffle de lavande
et de foin
vapeurs
au couchant
d’une
annonce
de mot
A peine
un rien
de boue
coloré
d’aube
un rien
de terre un rien
d’océan un
rien
d’ardeur
touche
la forme
floue
d’une aile
qui passe
tu laisses
une paupière
froisser
l’air
à l’entour
sous
l’air
mobile
se tendre
galbée
tu plonges
une pupille
ouverte
fine
nuit
tu brosses
des tiédeurs
aux souplesses
de
peau
ta main
s’ouvre
sertie
de feuilles
là
tu entends
au pli
de l’air
le secret
d’un émoi
piquée
au sein
du monde
une aréole
bleue
des liqueurs
lointaines
dispersent
l’espace
au fond
des mues
violettes
la danse du
safran
un souffle
de lèvre
déclose
l’enfance
d’un mot
la trace
du matin
dans la tourmente
habile
du couchant